En quête d’humanité

Eugène Burnand rêve d’une peinture d’histoire moderne et, dans ce but, pratique le portrait dès les années 1880, dans le domaine de l’édition comme en peinture.

Au-delà de raisons alimentaires, ce genre est un moyen de s’intéresser à la diversité de l’espèce humaine, qui le fascine. Il va à la rencontre de ses modèles, en quête de certains «types» caractéristiques dont il veut saisir la singularité et l’«âme», au-delà de la photographie. Dès 1885, il exécute divers reportages pour le journal L’Illustration comme ses « Physionomies parisiennes » ou ses « Bouquinistes et Bouquineurs ». Il poursuit sa recherche entre 1914 et 1917, avec une série de Types vaudois (faces et profils de chez nous) : trente et un portraits d’hommes et de femmes au crayon rehaussé de pastel formant une sorte de répertoire graphique, ethnographique et régional. Dans les mêmes années – mais surtout dès 1917 –, Eugène Burnand se lance dans une série de types militaires intitulée Les Alliés dans la guerre des Nations. Il déniche ses modèles dans des camps militaires situés en région parisienne ou vers Marseille. Au-delà de leurs singularités physionomiques ou raciales, il creuse l’humanité dans chaque visage, dans chaque posture.

Cette série de cent portraits au crayon et pastel forme un témoignage exceptionnel de la « Grand Guerre » et est publiée par héliogravure (photogravure) chez un éditeur parisien en 1922, un an après la mort du peintre.

La jeune fille, 1914-1917, dessin au crayon Wolff, 71 x 46 cm.

Soldat noir américain, 1917, dessin au crayon et pastel sur papier, 56 x 43 cm.